samedi 21 mars 2015

Chronique : Strynn - Alienation


Lorsque l’on parle de Black Metal c’est un raz de marée de clichés qui débarque : satanisme, corpse paint, messe noire, églises brûlées, nonnes sodomisées, j’en passe et des meilleurs. Pire, ce sont des noms de groupes qui peuvent venir à l’esprit : Cradle of Filth, Behemoth, Dimmu Borgir.

Après avoir érigé Varg Vikernes en martyr et héros, il est devenu plus que difficile d’évoquer sérieusement ce style. Pourtant bons nombres de groupes, comme Strynn, font du Black Metal et le font bien, loin des désastreux clichés pitoyables qui ont rendu ce mouvement de l’Extreme ridicule par certains aspects.
Alienation second full lenght des Bordelais s’inscrit directement dans la lignée de Décadence, premier opus sortit en 2013, où l’on pouvait déjà déceler un beau potentiel ainsi qu’une réelle identité chez Strynn

Bienvenue dans un Black Metal proche de la source, proche de sa vraie nature.

Jadis, le Black Metal s’était lui-même autoproclamé underground par excellence. Auto-production, absence de prestation live, son pourri, etc ... Pourtant, en y regardant de plus près, le mouvement à suivi bien des « modes » et des courants. Le Black s’est voulu symphonique, orchestrale, païen, pour finir aujourd’hui avec la grande tendance DSBM, c’est à dire : Depressive Suicidal Black Metal. Tout un programme.

Alienation est un album de Black Metal de tradition, de terroir pourrait-on dire; pas de fioritures, pas d’artifice, que du naturel. Onze titres purement glauques et malsains. Dès les premières notes un climat oppressant vous tombe dessus, tantôt violent, tantôt mi tempo. La musique de Strynn est rageuse, elle prend à la gorge. Le groupe maîtrise parfaitement les changements de rythmes qui donnent du relief à leurs compositions. Car oui, Strynn ne fait pas dans le linéaire, exit les longs titres pompeux de 15 minutes qui, pour le coup vous donne franchement envie de vous tailler les veines si une soudaine folie passagère vous empêche de couper la lecture. Côté voix le duo Dwimorberg / Anadrark en impose méchamment, le chant écorché et purement Black vous glace le sang, ce chant n’est pas juste là parce qu’il en faut un, il est là pour accentuer un peu plus la terreur.
On remarque aussi un excellent travail sur le mixage, tous les instruments sont présents et ne passent pas les uns au dessus des autres. La basse prend une vraie part au climat général, et la batterie ne martèle pas à coups de doubles pédales ou d’accélérations violentes pour faire dans le méchant. Chaque instrument tient sa place, son rôle, et donne ce qu’il a à offrir pour un ensemble homogène. 
Un dernier petit mot pour souligner l’excellent artwork, la pochette est magnifique, le design est signé Branwen, une jeune infographe talentueuse, qui perd surement son temps avec un groupe underground. 
500 exemplaires sont disponibles, enfin 498, puisque les Bordelais ont trouvé deux preneurs en la personne de Djimetal et moi-même. On est les seuls ? 

Si certains éléments ont contribué avec les pages faits divers des journaux, à dénaturer et surtout à tourner en ridicule le BM (et sincèrement, ridicule n’est pas faible comme mot), il reste des formations comme Strynn qui s’épuisent à redonner un peu de crédibilité en faisant un Black Metal proche de son essence, de ce qu’il a été, et de ce qu’il aurait dû rester. Pas nécessairement underground et confidentiel, surtout qu’avec les technologies actuelles, rester confidentiel pour un courant musical est impossible. Mais tout au moins faire un Black sérieux, couillu, vrai.

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En écoute : Scourge


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Shades of God.

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